
Courrier des lecteurs « Le Dauphiné Libéré »
(4 avril 2007) - Mr. X Chantemerle-Les-Blés (26)
Le dur métier de prof
" Eh oui, la France à ses profs... C’est encore une spécialité franco-française, comme les 35 h, la retraite à 50 ans pour les roulants de la SNCF ou les cinq candidats trotskistes à la présidentielle.
Et je ne vous parle pas des deux mois de grève tous les trois ans... ça ne fait même pas un mi-temps pour 2000 euros de salaire en début de carrière !
Et quand De Robien leur demande un effort, les voilà repartis pour leur sport favori , la marche à pied !
L’Education Nationale c’est 1,3 million de fonctionnaires pour 13 millions d’élèves: je vous laisse à vos calculettes !
... En plus, si leur copine Super Nanny est élue elle abroge la loi Fillon et ils partiront à nouveau à la retraite à 55 ans. Elle est pas belle la vie ! Et si, elle est tellement belle qu’elle laisse même les imbéciles s’épanouir sous le soleil ! "
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( à noter que Le Dauphiné a fait le choix ce jour-là, non seulement de publier ce courrier fait uniquement de clichés aux relants populistes, aux propos méprisants, haineux, qui n’est qu’un tissu de contre-vérités, mais en plus le journal a décidé de le mettre particulièrement en valeur, au centre de la rubrique, encadré et en caractères gras. Sans doute en toute impartialité ! )
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Quelques explications historiques pour tenter de faire barrage à la bétise de certains, ou en tout cas pour espérer en limiter les dégats !
Actuellement, le temps de travail d’un enseignant de collège ou de lycée est de 18 heures par semaine (*).
C’est pour les profs, le seul élément fixe et clair relatif au temps de travail qui leur est demandé. Il a été fixé par un décret datant de 1950.
Rendez-vous compte ! 18 heures par semaines ! En effet quel salarié ne voudrait pas travailler aussi peu pour d’aussi bons salaires ?
Comment le législateur a-t-il pu créer en 1950 un statut aussi avantageux ?
En réalité, ce temps a été conçu en prévoyant qu’un enseignant travaille 1,5 heures chez lui pour une heure devant les élèves afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5 heures, soit 45 heures hebdomadaires. Le temps de travail légal de l’époque était de 40 heures par semaine, (en réalité environ 42 h par semaine) sur 50 semaines.
De fait, le législateur a tout prévu (temps de travail et vacances) et cela de deux façons :
- D’abord en annualisant le temps de travail des enseignants. 45 heures dues quand les autres salariés en devaient 42... ça c’est pour les petites vacances (Toussaint, Noël...). A noter que pour les enseignants du premier degré le calcul a été différent pour diverses raisons, mais le principe identique.
- Mais et les deux mois d’été alors ? Là, c’est un tout petit peu plus compliqué. Cela se situe au niveau de la grille des salaires. Notre grille a été elle aussi fixée en 1950 . Pour les profs au même niveau que les autres cadres de la fonction publique recrutés avec un concours au niveau bac + 3 (catégorie A). A un niveau inférieur pour les instits recrutés au niveau bac (catégorie B), mais le «mécanisme» là-aussi est strictement identique. A cette grille, il nous a été retiré deux mois de salaire, puis le résultat a été divisé par douze. Prenons l’exemple cher à notre «écrivain éclairé»: si un inspecteur des impôts (catégorie A) est payé 2000 euros par mois, il recevra 24 000 euros par an, alors que pour la même qualification un enseignant percevra selon la même grille 2000 euros par mois... mais sur dix mois, soit 20 000 euros par an. Cette somme est ensuite divisée par 12 et donne 1667 euros par mois.
Eh oui... les enseignants ne sont pas payés pendant les grandes vacances !
On l’oublie, on n’en parle pas, et puis du coup, ça énerve et ... on écrit (ou plutôt on vomit sa haine du voisin) au journal du coin, forcément intéressé par le «casse croûte» !
Alors oui le décret de 1950 est vieux ! Oui, il est vraiment temps de le toiletter comme le disent nos gouvernants. Mais dans quel sens ?
Car depuis 1950, que s’est-il passé ?
Il y a eu depuis de formidables avancées pour l’ensemble des salariés :
- la troisième semaine de congés payés en 1956,
- les 40 heures réelles au début des années 70 (elles étaient un droit depuis 1936),
- puis les 39 heures et la cinquième semaine de congé payé en 1982,
- enfin les 35 heures en 2000.
Et pendant tout ce temps aucun changement notable pour les enseignants.
En clair, pendant que le temps de travail hebdomadaire pour l’ensemble des salariés baissait fort légitimement de 25%, celui des enseignants restait identique... toujours calculé sur les bases du décret de 1950 !
S’il ne s’agit pas de revendiquer à travers cette explication une diminution de notre temps de travail ou une revalorisation de nos salaires, même si tout cela reste légitime et relève même de l’urgence,... au moins qu’on cesse les caricatures et que dans ce pays, enfin, on arrête de déconsidérer et de dénigrer les enseignants, à commencer par nos ministres !
(*) Comme notre «adepte» du courrier des lecteurs argumente sur «les profs», nous avons choisi de prendre les mêmes références horaires. Mais le raisonnement serait le même s’agissant des enseignants du premier degré...à quelques détails prés, et notamment le temps de travail. Ceci explique peut-être cela.
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Pour tenter de faire barrage à la bétise ...... !
RENFORCEZ L’AUDIENCE ET L’EFFICACITE
Des Syndicats de la FSU SYNDIQUEZ-VOUS !
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