Le président Nicolas Sarkozy s'approprie
le dossier sensible de l'Education
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Rencontre Nicolas Sarkozy,
X Darcos et F Fillon
- Lundi 11 juin 2007 -
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Compte rendu FSU (G Aschieri)
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Notre objectif : une école de la réussite pour tous
Pour cela les personnels n'attendent pas une énième "réforme"; pour autant il ne faut pas laisser le système éducatif en l'état ; nous avons besoin d'une vraie dynamique qui permette de transformer l'école en résolvant les problèmes qui se posent à elle. Pour cela il faut recréer de la confiance.
C'est le sens des mesures d'apaisement que nous avons demandées à M Darcos : il s'agit de rompre avec la politique menée ces dernières années et montrer que les personnels qui ont beaucoup lutté sont entendus ; en particulier :
- abrogation des décrets De Robien pour permettre une vraie négociation sur le métier,
- rétablissement des moyens pour la rentrée (pas seulement enseignants),
- reconduction des EVS
- réouverture du dossier des directeurs d'école
- abrogation de l'apprentissage junior
Au delà il nous semble qu'il n'y aura pas de transformation de l'école sans revaloriser et faire évoluer les métiers de l'éducation, tous les métiers, afin de travailler autrement pour travailler mieux car l'éducation nécessite un travail en équipe avec des professionnels qualifiés et dont on respecte la qualification.
Il s'agit de mieux les former au contact de la recherche, de faire évoluer leur temps de travail pour faciliter le travail en équipe et la prise en charge des élèves en difficulté, de payer leur qualification.
Mais transformer l'école implique de s'attaquer vite et fort aux inégalités qui la minent : il faut une politique ambitieuse de l'éducation prioritaire qui compense vraiment les handicaps sociaux de certaines zones . C'est une priorité.
C'est pour cela que nous considérons qu'une suppression de la carte scolaire va dans le mauvais sens : faute d'une réduction des inégalités entre établissements et quartiers elle ne peut qu'accroître les phénomènes que tous dénoncent aujourd'hui. La mixité sociale indispensable à une meilleure réussite de tous ne peut être assurée par un système de concurrence entre établissements, même si ce système est tempéré par des régulations.
De même l'orientation ne doit pas se limiter à un système d'aiguillage vers le bon emploi mais doit aider le jeune à construire son projet et être associée à une offre diversifiée de formation sous statut scolaire au sein du service public d'éducation.
Enfin il n'y aura pas d'école de la réussite avec un « socle commun » qui à la fois écarte certaines formations indispensables (éducation physique, éducation artistique…) et vise à opérer un tri social entre élèves.
L'école de la réussite pour tous implique une politique en faveur des handicapés : la FSU a milité pour que la loi de 2005 impose l'inscription des élèves handicapés; il s'agit maintenant d'accompagner les équipes et leur donner l'appui de personnels qualifiés en nombre suffisant; mais il s'agit aussi de veiller au recrutement et aux conditions de travail des personnels handicapés.
Une telle ambition nécessite des moyens à la hauteur, avec une programmation des recrutements et des créations et une négociation sur les priorités dans leur utilisation : c'est indispensable car l'école ne peut fonctionner sans des professionnels qualifiés sur le terrain; c'est aussi un signe politique pour donner confiance. Cela vaut aussi pour l’enseignement agricole public qui est partie prenante du service public d’éducation et se trouve aujourd’hui sinistré.
Il faut aussi renouveler le dialogue social dans l'EN, nous prendre pour ce que nous sommes : des organisations représentatives légitimes et modifier le fonctionnement des organismes de concertation, y compris dans une optique de prévention des conflits.
Enfin je tiens à souligner la sensibilité de nos collègues à la situation des élèves "sans papiers" et de leurs familles : ils attendent aussi de votre part des gestes, par exemple un moratoire des expulsions et un réexamen des dossiers déposés à l'occasion de la circulaire de juin dernier.
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Discours introduction - Nicolas Sarkozy
Il reçoit les fédérations enseignantes. Il veut des relations confiantes et franches avec les forces sociales ; négociations indispensables sur la mise en œuvre des engagements pris. Il entend respecter tous ses engagements.
Il y a unanimité sur le constat que l’immobilisme est impossible. Il s’agit d’une résolution concrète sur certains problèmes, pas de grande réforme.
Il faut traiter les problèmes. Problème de confiance ; l’Education nationale ne peut tout traiter, être responsable de tout. Il doit y avoir du respect des engagements du gouvernement ; ce n’est pas incompatible avec le dialogue.
Mission du professeur : 2 défis :
- La société de la connaissance, la France peine à y entrer, 38% dans l’enseignement supérieur, 160 000 sans qualification, les inégalités sociales demeurent trop fortes, l’éducation prioritaire aggrave la ségrégation sociale, carte scolaire.
- La condition enseignante sera revalorisée, le pouvoir d’achat sera augmenté notamment par des études surveillées. La liberté pédagogique sera la règle. Les établissements moins favorisés davantage aidés. Une plus grande autonomie des établissements.
- La carte scolaire sera assouplie ; elle sera supprimée quand les conditions seront réunies, garantie d’une mixité sociale.
- Parcours plus individualisé en collège.
- Temps de service des enseignants : temps pour recevoir les familles.
- Socle des fondamentaux garanti, éducation physique et artistique seront assurées par l’école.
Il est président et non plus candidat, il s’agit de discuter de la mise en œuvre des politiques non plus de leur définition.
Les Annonces :
- Abrogation du décret Robien du 12 fév 2007 : il aurait baissé de 1300 euros la rémunération des enseignants. Mais cela ne se fera pas en réattribuant des postes mais avec des contingents d’Heures Supplémentaires ; techniquement impossible de faire autrement. Il ne faut pas réalimenter la précarité.
- Contrats Aidés, Elèves handicapés, directeurs d’école, tous maintenus, 2nd degré 1 sur 2 renouvelés au fur et à mesure de la fin des contrats.
- L’apprentissage Junior contredit l’obligation de scolarité à 16 ans. Dispositif suspendu dès la rentrée 2007 : traitement au cas par cas des jeunes déjà engagés. Bilan avec les régions.
- Elèves sans papiers : 7000 régularisations faites au cas par cas. L’inscription à l’école ne sera pas une nouvelle façon d’acquérir la nationalité française. Mais on peut discuter au cas par cas. Voir avec Darcos et Hortefeux
- Autonomie : confiance envers les équipes, avec des objectifs nationaux.
- Orientation : il ne s’agit pas de mettre en cause les personnels mais il ne peut y avoir d’orientation sans évaluation.
- Service minimum : les enfants doivent être accueillis à l’école en cas de grève mais il faut voir comment sans mettre en cause le droit de grève.
- Le dialogue social : se fait sur des projets. Le président réaffirme son attachement au projet éducatif, il ne faut pas parler seulement moyens. Qu’est qu’enseigner au 21 siècle : concertation lancée avec F.Fillon.
- Effectifs : confirmation d’un départ sur deux non remplacé dans la FP. En effet 1200 milliards d’euros de déficit. 45% salaires et pensions dans le budget, augmentation de 15%, remboursement de la dette : hausse des effectifs impossible. On ne remplace pas tout le monde mais on fait en sorte que les personnels s’y retrouvent : en discutant mobilité, pouvoir d’achat. Il faut aussi revoir l’offre de formation, horaires lourds, options partout .........
- Les fonctionnaires doivent être respectés. Banalisation de la violence insupportable.
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Dépêches de l'Education
du Jeudi 31 mai 2007 :
Nicolas Sarkozy rencontre le 11 juin
" les syndicats d'enseignants et parents d'élèves "
Le président de la République Nicolas Sarkozy a décidé de s'emparer du dossier sensible de l'Education en organisant une rencontre le 11 juin avec les syndicats d'enseignants et parents d'élèves qui se sont montrés surpris jeudi d'être subitement invités à l'Elysée.
Initialement, c'est le ministre de l'Education Xavier Darcos qui devait organiser une conférence de presse jeudi à propos des décrets Robien sur le temps de travail des enseignants -très décriés- après avoir reçu le monde éducatif pendant plus d'une semaine.
Ensuite, l'entourage du ministre a annoncé que cette conférence de presse se transformait en communiqué, lui aussi annulé, avant que le ministre de l'Education annonce jeudi que ce sera Nicolas Sarkozy qui recevra enseignants et parents et que "c'est lui qui décidera".
Interrogé jeudi après-midi sur ce changement de programme, l'entourage de Xavier Darcos a déclaré que cette rencontre à l'Elysée est "au contraire un honneur" et que "c'est un signe de grande considération du Président pour le monde enseignant".
"C'est inhabituel pour un président de la République de s'impliquer sur des points aussi techniques de l'Education, c'est une nouveauté", a déclaré jeudi à l'AFP Faride Hamana, président de la FCPE, principale fédération de parents, surpris jeudi matin d'avoir reçu un coup de fil l'invitant le 11 juin à 17h00 à l'Elysée.
Pour Anne Kerkhove, présidente des parents d'élèves de la Peep, cette rencontre inattendue est plutôt "positive": "cela me semble dans l'ordre des choses et ne veut pas dire que M. Darcos soit déchargé de quoi que ce soit".
Les syndicats enseignants seront ainsi reçus ensemble le 11 juin à 9h30 et les parents le même jour à 17h00. Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos, devraient leur parler carte scolaire et décrets Robien, des textes très décriés sur le temps de travail des enseignants, que le Président prévoit déjà d'"amender".
Signés le 12 février 2007, ces décrets allongent en effet de une à trois heures hebdomadaires le temps de travail de certains enseignants sans contrepartie financière et donnent la possibilité aux chefs d'établissement de les contraindre à enseigner deux matières (bivalence).
"On est assez agacé car Xavier Darcos avait promis de nous donner cette semaine une réponse sur les décrets Robien. On a l'impression qu'il se cale sur les élections législatives", a déploré Claudie Martens, co-secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré.
"C'est une surprise", s'est étonné Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Unsa-Education, deuxième fédération du monde éducatif. "Si Nicolas Sarkozy se substitue au ministre de l'Education, cela rappelle l'époque Ferry", a-t-il ajouté, en faisant allusion à l'époque où Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait été appelé à la rescousse de Luc Ferry, ministre de l'Education, qui s'était retrouvé en difficulté en 2003 avec les syndicats sur la loi de décentralisation.
En tout cas, a insisté Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, principale fédération de l'Education, il ne s'agira pas le 11 juin de parler uniquement des décrets Robien et de la carte scolaire. On veut parler aussi :
- des moyens,
- de la rentrée,
- des Zep,
- de l'apprentissage à 14 ans
- et du service minimum",
a déclaré M. Aschieri qui "prend cette rencontre comme une manière de donner une solennité aux questions d'éducation".