A ce jour, seules 4 candidates ( S Royal, A Laguiller, D Voynet et M G Buffet ) ont répondu à notre interpellation, sur la dizaine de candidat(e)s sollicités. Si d’autres réponses arrivent dans un délai raisonnable avant le 22 avril nous les publierons. Mais la non réponse de certains candidats nous contraint à un traitement pas aussi équitable que nous le souhaitions.
L’absence de réponses de ces derniers relève-t-elle ?
- de leur désintérêt pour l’enseignement professionnel
- voire de leur indifférence au sort de ses personnels,
- marque-t-elle, pour le moins, leur peu d’attachement au débat démocratique ?
- La pérennité de l’Enseignement Professionnel Public en jeu
Dès 2002 le gouvernement a fixé l’objectif de 500 000 apprentis et avec une persévérance peu commune il a saisi toutes les occasions, utilisé tous les leviers pour tendre vers la réalisation de cet objectif. Des moyens, sans précédent ont été investis dans la promotion de l’apprentissage, tandis que l’Enseignement professionnel Public était peu à peu asphyxié. Certes l’objectif est aujourd’hui encore loin d’être atteint, mais déjà dans certaines régions le nombre d’apprentis dépasse celui des élèves de Lycées professionnels. Une classe d’âge n’étant pas extensible, le développement forcé de l’apprentissage se fait au détriment de la voie scolaire : jusqu’où ? Jusqu’à ce qu’il devienne le modèle dominant ? Il l’est déjà dans les discours officiels où il est souvent présenté comme le seul système de formation professionnelle débouchant sur un emploi. Poursuivre dans cette voie poserait inéluctablement la question de la pérennité de l’enseignement professionnel public.
Le discours sur la revalorisation de l’enseignement professionnel n’est pas crédible s’il ne s’accompagne pas de mesures concrètes pour assurer sa promotion et d’une détermination à faire cesser la concurrence déloyale et faussée avec l’apprentissage. Le SNUEP a inlassablement expliqué dans ces colonnes que l’apprentissage n’est pas le système moderne de formation qu’on nous présente, qu’il n’est pas le plus adapté à notre époque. Le choix de sa promotion est purement idéologique, il ne correspond en rien à une demande sociale, les jeunes et les familles continuent à lui préférer la voie scolaire, après le collège. C’est la raison pour laquelle le dernier gouvernement a tenté d’accroître le flux des jeunes vers l’apprentissage, en les faisant sortir prématurément du collège via l’apprentissage-junior conduisant ainsi à une régression historique de la durée de la scolarité obligatoire. Le SNUEP, comme beaucoup d’autres, attache une grande importance à l’abandon de l’apprentisage-junior, et au traitement de l’échec scolaire dans le cadre exclusif du service public d’éducation.
- Conditions de travail, rémunérations, recrutement…
Depuis plus de 6 mois, avec tous les syndicats du second degré, le SNUEP se bat contre les décrets sur les obligations de service. Ce combat n’est pas fini, car si certains candidats se sont engagés à les abroger, il y a encore loin des promesses à la réalité. Dès le nouveau président élu et son gouvernement formé, le SNUEP provoquera une réunion de l’intersyndicale pour demander une audience à ce dernier et envisager toute action utile pour gagner. Pour prendre en compte les évolutions de notre métier et l’accroissement de sa pénibilité, le SNUEP exigera l’ouverture de négociations comme il demandera un rattrapage des pertes du pouvoir d’achat qui s’accumulent depuis des années.
La menace d’une application des mesures préconisées par l’audit sur la voie professionnelle : suppression de plus de 10% des effectifs du corps des PLP, annualisation de leur service pèse toujours sur les personnels. Au contraire le SNUEP revendique d’en finir avec les baisses des recrutements de ces dernières années et de revenir à un niveau des recrutements à la hauteur des besoins, dans le cadre d’un enseignement professionnel rénové, et d’une juste répartition des formations sur tout le territoire. Le SNUEP dénonce la scandaleuse situation des personnels précaires de plus en plus nombreux et réclame en priorité un plan de titularisation..
Le SNUEP observe qu’avec le mouvement déconcentré des mutations, en aveugle, de moins en moins de collègues peuvent muter, il réclame le retour à un mouvement national qui respecte le droit à la mobilité des personnels. Le SNUEP s’opposera au recrutement régional des personnels que fait craindre l’intégration des IUFM aux universités autonomes. Le SNUEP s’oppose à toutes les dérives de la gestion « managériale » des établissements qui, sous prétexte de reconnaître le mérite, introduit de plus en plus l’arbitraire, l’injustice et les abus de pouvoir des « petits chefs »
- Laïcité et autres valeurs…
Ces derniers mois, dans les localités ou les établissements, de nombreux collègues se sont engagés contre les expulsions d’élèves sans-papiers. Au niveau national, le SNUEP, avec de nombreuses organisations dont RESF, a pris toute sa place dans ce combat. L’escalade dans les mesures répressives ayant pour cible une certaine jeunesse, ne peut qu’exacerber les tensions et les violences dans les quartiers, lesquelles ont des répercussions dans nos établissements. L’amélioration de la situation des quartiers difficiles passent avant tout par un recul du chômage, des services publics de qualité présents sur tout le territoire, un encadrement des jeunes par des personnels qualifiés pour prévenir la délinquance.
De même, le recul du phénomène inquiétant de la violence dans nos établissements passe par un retour à un encadrement suffisant en personnel d’éducation et spécialisé. Elèves et personnels ont le droit de travailler dans un climat apaisé, une fermeté bienveillante devrait permettre de faire respecter les règles de vie commune et si besoin, de sanctionner tout manquement, encore faudrait-il en avoir les moyens.
Le SNUEP dénonce une décentralisation qui conduit à la privatisation de certains services dans l’école, à des partenariats public-privé, à l’introduction par de multiples biais des marchands dans l’école… autant d’atteinte à la laÏcité. La montée des communautarismes instille un poison dans la société, toute complaisance à l’égard de cette tendance doit être dénoncée et combattue ; il faut rappeler sans cesse que seules les valeurs de la République et l’école laïque permettent l’épanouissement de chacun et le respect de l’autre, condition essentielle du vivre ensemble !