
Tôt mercredi, le ministère de l'Education a assuré que ce comité serait placé "sous la haute autorité" de l'ancien Premier ministre.
"C'est une grosse erreur", a cependant rectifié M. Rocard auprès de l'AFP un peu plus tard.
"Il ne s'agit pas d'une commission sous ma haute autorité : il y a un président, Marcel Pochard, ancien directeur de la Fonction publique, et un rapporteur, je serai un membre de base". "C'était très clair entre M. Darcos et moi, il y a eu un peu de baratin autour", a-t-il noté.
"M. Rocard a accepté d'être la personnalité phare de ce comité, étant entendu que Marcel Pochard fera le travail quotidien", a assuré le ministre de l'Education en fin de matinée, lors de sa conférence de presse de rentrée. Il a précisé avoir "voulu que ce comité travaille librement" et donc avoir choisi en Michel Rocard "un esprit libre".
Interrogé sur la rectification opérée par l'ancien Premier ministre sur sa qualité de "simple membre", M. Darcos a évoqué "la modestie du grand esprit de Michel Rocard" qui, a-t-il insisté, "sera un des membres éminents de ce comité".
D'autres personnalités comme le professeur au collège de France Antoine Compagnon, le secrétaire général du ministère de l'Education Pierre-Yves Duwoye ou le directeur des ressources humaines de la Poste Foucault Lestienne feront partie de ce comité installé courant septembre et chargé de mener la réflexion sur la condition enseignante pendant toute l'année scolaire.
Selon M. Rocard, sa nomination dans ce comité ne ressort pas de "l'ouverture politique" décidée par le président Nicolas Sarkozy mais strictement de "l'administration". "Il faut bien distinguer l'ouverture politique, ce qui n'est pas notre problème, et le fonctionnement normal de l'administration en pays démocratique, ce qui est le cas", a-t-il insisté.
Il a estimé qu'il devait y avoir actuellement "une cinquantaine d'organismes analogues à cette commission-là, où l'opposition est représentée". Pour lui, "il fallait bien quelqu'un de l'opposition". "C'est parce que je suis socialiste qu'on me l'a demandé, et parce que je le reste que j'accepte", a-t-il affirmé.
"Cela incarne la fameuse politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy", a cependant commenté Luc Berille, secrétaire général du syndicat des enseignants de l'Unsa-Education, en marge d'une conférence de presse mercredi.
Pour lui, la présence de M. Rocard vise à rattraper la "crédibilité" de la démarche de Xavier Darcos qui, dans le même temps qu'il ouvre des concertations sur le métier enseignant, doit justifier un budget 2008 où 11.200 postes seront supprimés dans l'Education.
"Comme on considère les enseignants comme de gauche", Michel Rocard est vu comme "une personnalité de gauche susceptible de rassurer les enseignants", a-t-il ajouté.
Dépêches de l'Education
Qu'est-ce qu'être enseignant ?
" Age, formation, salaire, temps de travail "
Alors que le ministre de l'Education s'apprête à ouvrir un chantier sur la "revalorisation" de la condition enseignante - qui devrait porter sur l'"organisation" de l'enseignement ou encore la "l'attractivité du métier" - que signifie "être prof" aujourd'hui ?
Un enseignant certifié justifie d'un diplôme Bac+3, prépare le Capes pendant un an, puis effectue au moins un an de formation. Même processus pour les agrégés, qui en revanche doivent être titulaires d'un diplôme Bac+4 pour présenter l'agrégation.
Au final, les enseignants ont passé au moins 5 ans à se former.
Selon le ministère, les stagiaires (frais lauréats du concours), qu'ils soient professeurs des écoles, certifiés, ou professeurs de lycée professionnel (PLP) perçoivent un traitement net minimum (hors primes de professeur principal ou de ZEP, ou encore les indemnités de remplacement) de 1.310 euros mensuels. Après 30 ans de carrière, ils obtiennent au maximum 2.931 euros nets.
Un professeur agrégé stagiaire gagne, lui, 1.423 euros nets, et au maximum 3.615 euros nets au bout de 30 ans de carrière.
Une étude d'économistes contestée au ministère indiquait en janvier que les certifiés avaient perdu 20% de leur pouvoir d'achat entre 1981 et 2004 et que les professeurs des écoles en avaient perdu 9%.
Selon la FSU, majoritaire, "à qualification égale, le salaire moyen d'un enseignant correspond à 65% du salaire moyen d'un cadre dans le privé". Interrogés par l'AFP, la FSU et l'Unsa-Education s'accordent pour constater, sur les trois dernières décennies, certaines améliorations dans les conditions de travail, comme les baisses du nombre d'élèves par classe dans les zones difficiles. Mais elles rappellent que ces améliorations ont été ternies par les coupes budgétaires de ces dernières années: suppressions de postes, fermetures de classes, diminution de l'offre d'enseignement, alourdissement de la charge de travail, notamment.
Une étude de la mutuelle MGEN sur le moral des personnels de direction à paraître en octobre, dont les premières conclusions ont été transmises à l'AFP, indique que 65% de quelque 1.900 chefs d'établissements estiment que "le niveau du stress de leur personnel a augmenté ces dernières années".
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